Loin de l’envie de réduire le métier de journalisme à un micro du fait que de nos jours cette discipline se présente sous plusieurs facettes, cependant, il est indubitable que le journalisme-micro est le plus répandu en Haïti malgré la forte proportion que prennent dorénavant les médias en ligne. Il faut le dire nous faisons que débuter dans ce champ du métier, et puisque nous ne sommes que très peu à jeter un coup d’œil à un article et à le lire complètement, cette catégorie risque de patienter encore longtemps avant d’avoir son plein épanouissement. Voilà brièvement pourquoi mes considérations ne toucheront que la catégorie la plus privilégiée en Haïti : un micro, un journaliste.
Je n’ai pas envie de répondre à la question : « Qu’est-ce que le journalisme ? », ce qui m’intéresse, ici, par-dessus tout, c’est plutôt de savoir : comment devient-on journaliste en Haïti ? Mais, avant de bien tracer le parcours devant nous mener à ce métier au sein de notre société, le retracer dans un pays comme la France, dont nos deux modèles de systèmes éducatifs sont quasi-similaires, s’impose aux fins de quelques comparaisons
En France, pour devenir journaliste plusieurs parcours peuvent se présenter, toutefois, une chose est sûre, c’est qu’il faut d’abord avoir son Bac puisque le journalisme correspond, cela va de soi, à une discipline qui s’apprend à l’université ou tout autre établissement équivalent.
Les parcours les plus classiques sont les suivants, l’intéressé peut :
Postuler pour une licence en information communication avec option journalisme, en trois ans post-bac ; une licence pro-journalisme en un an après un Bac+ 2, à l’université ou un IUT ; ou du moins un Bachelor, en trois ans post-bac dans une école privée, etc. Toute une panoplie de chemins, tous menant à Rome. L’important, c’est que ça peut nous permettre de nous faire, peu ou prou, une idée de l’importance qu’on accorde à ce métier, et la rigueur à laquelle doit se soumettre tout intéressé s’il souhaite vraiment devenir journaliste. Une raison peut expliquer cela. Tout comme on aime à dire au pays de Dessalines : « lari a se salon pèp la » pareillement les médias sont en quelque sorte une représentation générale du niveau de formation d’une nation. La France a bien compris cela, c’est ce qui explique la méticulosité avec laquelle elle entend former ceux qui doivent à leur tour former et informer… Et si on renvoyait la balle chez nous maintenant ?
Malgré la reconnaissance du journalisme par la constitution ( article 28-1 et 28-2 ), il n’en est pas moins bien que cette profession soit toujours dans l’informel en ce qui concerne la formation des futurs journalistes.
En effet, avant l’annulation des examens de Bac 1 (Rhéto) sous la présidence de Martelly pour être reçu dans une école de journalisme, il fallait faire la classe de Rhéto sans pour autant avoir besoin d’une mention de réussite au baccalauréat. Toutefois, après l’introduction du Bac unique, certaines écoles ont fait du diplôme de fin d’études secondaires le critère par excellence pour être admis dans une école de journalisme. Là en est pas le problème. En regard de cela, tout ça se fait dans l’informel quant à la formation qui n’est pas rigoureuse puisque les écoles de journalisme sont pour la plupart bidons, et reçoivent des étudiants venus de n’importe où sans avoir eu leur diplôme de fin d’études secondaires ; puis, quant aux écoles, elles ne sont pas de qualité avec un corps professoral incompétent puisque ce sont les journalistes soi-disant séniors, mal formés, qui sont à leur tour professeur.
Brièvement, le tour de la question est faite. Nous comprenons plus facilement pourquoi les esprits les plus futés sont réticents à allumer leur radio ou télévision pour écouter baratiner de parfaits imposteurs. « Si vous aviez du culot et la supercherie comme qualité, soyez journaliste ! », Voici le message qu’il nous livre implicitement.
Nous sommes tous acharnés contre les pétrovoleurs, mais soyons plus acharnés contre les imposteurs, car ils sont d’autre en plus dans notre environnement immédiat : c’est ce soi-disant journaliste aux origines et diplômes douteux qui s’autoproclame analyste politique ; ce mec qui à peine avoir décroché sont bac se déclare professeur ; ce camarade qui a triché à tous ces examens pour obtenir son diplôme.
Comment en est-on arrivé là ? Tout ce que je peux affirmer, c’est que rien n’est plus sûr dans cette société ni le diplôme de doctorat du Recteur de l’UEH encore moins celui d’ingénieur du Président. Palme de la bassesse ! Appel à la vigilance : pointons du doigt les voleurs au sein de la chose publique, mais ne faisons pas l’erreur d’oublier notre voisin, nos faux journalistes, nos faux professeurs, faux recteurs.
C’est parce que le vol, la tricherie, le favoritisme, et tout ce qui tombe dans cette même catégorie, ont supplanté les valeurs fondamentales de nos institutions qui font qu’on en a plus.
Obed SANON