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Éditorial

Si la mort de la multitude nous laisse indifférente, ce n’est pas un cas isolé parmi tant d’autres qui fera la différence!

Des noms, j’aurais pu écrire plus que des paragraphes avec seulement des noms pour citer ces humains qui ont passé de l’autre côté.

J’aurais pu me faire un plaisir de les citer. La société aime bien les noms surtout quand ils se rattachent à un statut : poétesse, danseurs, journaliste, etc.

Nous voulons tous les sauver, on se sent tous indignés en colère, et c’est tout. Je vous dis bien : « C’est tout ». On oublie que ni la colère ni la sympathie et nos belles condoléances faites des plus beaux vers ne ressuscitent pas les morts encore moins les rendent justice. Ce ne sont ni les cris de douleur, de désolations, qui soignent nos plaies : on aurait pu éviter la blessure et se passer de toute cette mascarade, car des récidives d’écorchements nous en connaissons trop. Si c’est à chaque nom rayé de la liste des vivants que le taux d’insécurité se fait sentir, c’est que nous ne sommes pas conscients par conséquent notre acception de l’insécurité serait mauvaise. Ce qui serait la plèbe de nos maux.

La mort est le danger suprême personne ne peut disconvenir, et c’est elle qui nous frappe de plein fouet : c’est parce que la société est en train de mourir que la mort de ses fils et filles passe comme une lettre à la poste sous notre silence complice ou notre colère, tant bien éphémère, qui ne fait pas plus grand bruit qu’un pet…

À chaque vague de tueries, chaque individu qui tombe, exposé par nos chers médias, on a l’impression que la société marche d’un seul pas afin de freiner l’injustice : on pleure, on crache sur les réseaux sociaux notre indignation, et c’est tout. Aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est tout ! On passe à autre chose et on attend la prochaine saison de la série. Pour cette saison, c’est une tempête de tweets, de statuts, de légendes qui sont les épisodes les plus en vogue sur les réseaux sociaux, avec pour bonus l’absence des fameux tweets de notre cher président. Ô pardon ! Il ne s’informe pas des actualités locales, ce n’est pas le rebond des gilets jaunes, ni l’opération chirurgicale du roi marocain.

Si la mort dans les coulisses de ceux que nous ne connaissons pas ne nous dit rien, ce ne sont pas nos saintes colères(qui ne font pas long feu) à l’endroit de ces noms rayés de la liste des vivants, qui vont en changer la donne. L’insécurité est un problème qui menace l’existence de la société, c’est un mal auquel on vit au jour le jour. Il est là, avec nous, n’attendons pas qu’une poétesse, des danseurs ou des journalistes en soient victimes pour montrer au public qu’on est citoyen engagé et, plus tard, consciemment ou inconsciemment du braquage fait sous nos yeux au marché, du massacre de citoyens à la Saline, du viol de la fille dans notre quartier, du mari qui tabasse sa femme. Si nous avions assisté à tout ça dans le silence, le bruit pour ces noms tombés n’est qu’insignifiance.

Nous avons le droit d’être plus que vigilant et encore plus actif, dans la solidarité, quand notre existence est menacée.

Obed SANON

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