Pourtant l’équipe aura bien du mal à se qualifier pour les olympiades américaines, validant son ticket après de courtes victoires contre l’Égypte et le Zimbabwe. Le climat délétère autour de la sélection poussera le coach de l’époque Carlos Alberto a jeté l’éponge en juin 1996. C’est le néerlandais Jo Bonfrère qui reprendra alors l’équipe. Pourtant, quelques semaines avant le début de la compétition, et une défaite à domicile 3-1 face au Togo, la fédération de football du Nigeria tente de limoger le nouveau sélectionneur.
Les joueurs nigérians vont monter au créneau et posent un ultimatum à la fédération :
– soit le sélectionneur reste et l’équipe participe aux Jeux Olympiques ;
– soit le sélectionneur est viré et le Nigéria peut se trouver de nouveaux joueurs.
La fédération🇳🇬 va finalement lâcher prise.
Comme le disait Daniel Amokachi : « Nous étions déjà en Amérique et en tant qu’équipe, nous nous sommes dit si vous le renvoyez, vous devrez trouver de nouveaux joueurs ».
C’est donc un contexte tendu que le Nigeria aborde la compétition, alors que la sélection fait office d’outsider.
Il faudra pourtant compter sur la France, l’Espagne, le Mexique et les ultra-favoris : le Brésil et l’Argentine. Bien que depuis 1992 les équipes doivent aligner des joueurs de moins de 23 ans (avec une exception pour 3 joueurs), les sélections sud-américaines ont fières allure.
Avec Ariel Ortega, Diego Simeone, Javier Zanetti, Hernan Crespo… du côté argentin, et pour le Brésil les Bebeto, Ronaldo, Rivaldo, Roberto Carlos…
Le Nigeria est d’ailleurs dans le même groupe que le Brésil, en compagnie du Japon et de la Hongrie.
Le tournoi commencera difficilement pour l’équipe africaine avec une courte victoire face aux hongrois 1-0 et un éclair de génie de Babangida pour se sortir du piège japonais. Le dernier match face à la Seleção se soldera par une défaite, un certain Ronaldo Luís Nazário de Lima donnant la victoire au Brésil.
Il faut dire que les brésiliens s’étaient fait surprendre par le Japon en match d’ouverture, une victoire étant donc impérative.
C’est à partir des quarts de finale que le Nigeria va monter en régime malgré un plateau relevé et une confrontation face au Mexique.
Jay-Jay Okocha transpercera la cage de Jorge Campos avec un tir à 25 mètres. Celestine Babayaro sur corner, 17 ans à peine, terminera le travail.
6 jours après leur première confrontation, c’est le Brésil qui se dresse face au Nigeria pour accrocher un ticket pour la finale.
La Seleção a fière allure et son duo d’attaque Ronaldo-Bebeto est en feu, avec déjà la bagatelle de 5 buts inscrits. Mais tout commence de la pire des manières pour les Super Eagles, puisque Flávio Conceição ouvre le score dès la première minute.
Bien que le Nigeria égalise, Bebeto et Flávio Conceição, encore une fois, vont donner l’avantage aux cariocas avant la mi-temps.
Touché mais pas abattus, les Super Eagles vont faire le dos en deuxième période et la rentrée de Victor Ikpeba va donner lieu à un formidable come-back.
Ikepba réduit l’écart à la 78e minute.
L’espoir est alors de mise et le Nigeria obtient même un pénalty quelques minutes plus tard.
Malheureusement Jay-Jay Okocha va se heurter la muraille brésilienne Dida. Il faudra alors un grand Nwankwo Kanu, déjà sur le toit de l’Europe avec l’Ajax d’Amsterdam, pour renverser la situation.
L’attaquant nigérian égalise à la 90e minute et pousse les deux équipes en prolongations. 4 minutes plus tard, le même Kanu feinte et élimine la défense brésilienne avant de frapper pour voir sa balle finir dans les cages de la sélection brésilienne.
Ce but en or n’a jamais porté aussi bien son nom puisqu’il envoie le Nigeria en finale.
C’est un autre gros morceau qui se dresse face à la sélection africaine en finale : l’Argentine et un Hernan Crespo en feu avec déjà 5 réalisations.
Comme face au Brésil, tout commence mal pour le Nigeria, Claudio Lopez ouvrant la marque dès la 3eme minute. Alors que Babayaro égalise, c’est Hernan Crespo qui va redonner l’avantage à l’Albiceleste. Mais comme face au Brésil, le Nigeria va trouver les ressources pour renverser une nouvelle fois la situation.
Daniel Amokachi dans un premier temps va permettre au Nigeria de recoller au score. C’est ensuite le « vétéran » Amunike, rentré en jeu il y a peu, qui donnera la victoire au Nigeria et à tout un peuple en trompant la vigilance de Pablo Cavallero.
Ce but a permis à cette Dream Team du Nigeria de rentrer dans l’Histoire et d’être la première nation africaine a remporté l’or olympique. Après un quart de finale de la Zambie en 1988, la 3eme place du Ghana en 1992, l’édition olympique de 1996 était la bonne.
Cette victoire aura le mérite de donner une nouvelle image du Nigeria, dirigé alors par une junte militaire répressive, et de redonner de l’espoir à tout un peuple. Il faudra toutefois attendre la mort du dictateur Abacha pour que des élections libres aient lieu en 1999.
Quant à la « Dream Team » menée par Jay-Jay Okocha elle fera sensation au Mondial 98 en France, avec notamment une victoire de prestige contre l’Espagne avant de s’incliner lourdement en 1/8 de finale contre le Danemark.
Pour revoir pareil exploit aux Jeux Olympiques, il faudra attendre l’édition de Pékin en 2008. Mais cette fois-ci c’est l’Argentine qui prendra sa revanche sur le Nigeria, en remportant le titre olympique.
En tout cas le sacre du Nigeria en 1996 permettra d’ouvrir la voie au Cameroun en 2000.
Et comme le résume Taribo West : « Il y avait quelque chose en nous qui nous a fait réaliser que nous allions gagner, même si nous ne savions pas comment ».
Jean Obed Sibrun