Depuis quelque temps, la situation en Haïti, marquée par la montée en puissance des gangs armés, rappelle les films et séries médiévaux où des envahisseurs prenaient d’assaut des villages, massacrant les habitants pour s’emparer de leurs terres. Aujourd’hui, dans les zones convoitées par ces groupes criminels, la réalité dépasse la fiction.
À la recherche de nouveaux territoires ou animés par des vengeances, les gangs armés, qui dominent une grande partie de la zone métropolitaine de Port-au-Prince et certaines provinces, n’hésitent pas à recourir à des actes de violence extrêmes. Des massacres de civils, et des affrontements sanglants font écho aux luttes de pouvoir qui jalonnaient le Moyen Âge, une époque caractérisée par la brutalité des conquêtes territoriales.
À cette époque, les attaques sur les villages permettaient aux envahisseurs de piller des biens, de violer des femmes et de capturer des villageois pour les rançonner ou les asservir, augmentant ainsi leurs richesses. Les gangs armés en Haïti font de même, bien que leurs pratiques ne consistent pas à asservir les captifs.
Le terme « cinéma médiéval » renvoie à des films inspirés de cette période de l’histoire, comme In the Name of the King, Vikings ou Barbares, pour ne citer que ceux-là, où les intrigues tournent autour de guerres pour le contrôle des terres et des trônes. Dans ces récits, la violence est souvent dépeinte comme un moyen de légitimer le pouvoir. En Haïti, cette réalité semble tristement se concrétiser, où la quête territoriale des gangs transforme la vie quotidienne en un cauchemar.
Dans le département de l’Artibonite, dans la petite ville de Liancourt et, plus récemment, à Pont-Sondé, des habitants ont été massacrés. À Port-au-Prince, des quartiers comme Solino ont vu leurs résidents fuir pour échapper aux hommes armés qui cherchent à s’approprier la zone. À Mariani, des familles ont quitté leurs maisons après que des bandits ont exécuté des habitants pour prendre le contrôle du territoire. La commune de Gressier et d’autres localités ont subi le même sort. Et aussi, des maisons ont été incendiées dans ces zones.
Une coalition appelée « Viv ansanm », regroupant presque tous les gangs du pays, a été formée. Leur objectif : éviter les conflits internes entre groupes rivaux. Cependant, la population reste toujours à leur merci. Les membres de cette coalition prétendent vouloir libérer le pays des mains des oligarques, mais en réalité, c’est les paisibles citoyens sans défense qui en paient le prix.
La différence entre ces récits fictifs et la situation actuelle en Haïti réside dans la brutalité bien réelle du quotidien haïtien. Les films et séries médiévaux présentent des reconstitutions historiques, alimentées par l’imaginaire collectif, tandis qu’en Haïti, la population vit cette tragédie chaque jour, avec l’espoir que la situation finira par s’améliorer.
Par James Harry Hilaire