Depuis que le peuple haïtien a combattu le régime Duvalier pour dire non à la dictature et oui à la démocratie, il était certain que la reconstruction de ce pays ne pouvait être l’œuvre d’un jour, d’une année ou d’une personne. Il est cependant sûr que cette reconstruction doit commencer et se réaliser progressivement, jour après jour, par des haïtiens conséquents et conscients.
La base de ce travail est la concrétisation du changement auquel tout le peuple haïtien en général aspire, non pas un simple changement de personne, mais un changement de mentalité et de système.
37 ans après cette lutte pour la démocratie, où en sommes-nous réellement ?
Quand on observe la réalité, peut-on dire qu’il y a eu un changement de système en Haïti ? Quel accueil a été réservé aux revendications des personnes qui ont foulé le macadam dans les années qui succèdent le départ des duvaliéristes ? Qu’a-t-on fait du désir de changement qui habite le cœur des jeunes haïtiens et haïtiennes ?
Malgré l’arrivée de plusieurs hommes à la magistrature suprême du pays, ces questions n’ont toujours pas eu de réponse, au contraire, les choses sont devenues plus chaotiques. Si avant c’étaient les militaires et les Tontons macoutes qui théorisaient la population, maintenant ce sont les gangs armés qui sèment la terreur quotidiennement.
Partout dans le pays, il y a un foyer de gang dirigé par un puissant caïd. Nombreux sont ceux qui sont tombés sous les balles assassines de ces hommes armés, nombreux sont ceux qui ont été kidnappés à l’instar du professeur BUTEAU, et le dernier en date le journaliste Jean Thony LORTHÉ. Certains sont décapitalisés du peu qu’ils avaient, des femmes et des filles sont violées.
Beaucoup de nos vaillants policiers sont assassinés et humiliés par des gangs, comme ce fut le cas le 20 janvier à Liancourt.
Les citoyens sont obligés de quitter Haïti afin d’échapper à l’insécurité, au chômage et à la cherté de la vie. Beaucoup de jeunes ont dû quitter le pays pour le Brésil, le Chili, le Mexique et surtout l’Eldorado des États-Unis pour un mieux-être.
Est-ce le changement que le peuple aurait souhaité après s’être battu pour la démocratie ? Bien sûr que non, mais c’est malheureusement dans ce bourbier que nous nous retrouvons.
S’il est vrai que le 7 février 1986 fut un jour de joie et d’action de grâce, un jour de libération et de communion sans frontières, jour où le peuple, libéré des entraves de 29 ans de servitude, a exprimé sa créativité artistique en décorant les murs de motifs religieux et patriotiques, néanmoins toute cette euphorie et cette action de grâce se sont transformées en châtiment pour cette nation qui rêvait et aspirait à la démocratie et au changement de système que les leaders ont prônés. Toutefois, ce changement préconisé par ses hommes et femmes politiques, c’était pour leur satisfaction personnelle, mais pas pour les haïtiens.
Souhaitons qu’un jour ce peuple martyrs et opprimé prendra son destin en main en vue de changer pour de bon ce système qui est le mal, qui fait qu’après 37 années le pays est de plus en plus mal qu’avant. Par ailleurs, il faut souligner que ce changement doit tout aussi se faire dans la mentalité de chaque haïtien, que ce soit en Haïti ou à l’étranger et ce changement nous permettra de sortir sous la domination de l’international.
Pour Ovomag : Stéphane EUSTACHE