Au cours de ces trente dernières années, une tendance inquiétante a émergé dans le paysage politique d’Haïti, celle du refus persistant des acteurs politiques de parvenir à un accord constructif. Ce blocage systématique compromet la capacité du système politique à répondre aux besoins changeants de la société.
En Haïti, l’histoire semble se répéter avec une prévisibilité déconcertante. Les erreurs du passé, qu’elles aient été commises en 2004 face à Aristide ou récemment avec Moïse, persistent dans un cycle destructeur. Les hommes et femmes politiques, qu’il s’agisse de l’opposition ou du gouvernement de facto, semblent sur le point de reproduire ces mêmes erreurs. Il est temps pour l’élite politique haïtienne de transcender ses différends et de conclure un accord politique historique, abandonnant l’obstination qui a caractérisé ses précédentes interactions.
La réalité est implacable : le pouvoir politique ne saurait être traité comme un jeu, une leçon que tous les pays ont apprise. En réclamant la démission du gouvernement de facto sans disposer des moyens politiques nécessaires, les acteurs politiques se comportent de manière capricieuse, rappelant des enfants malgré l’urgence de la situation.
L’infantilisme politique persistant parmi l’élite politique haïtienne explique en partie les interventions militaires récurrentes, presque cycliques, avec des forces étrangères présentes en 1994, 2004 et potentiellement en 2024. La présence de la MINUSTAH en 2014 a probablement évité une nouvelle intervention.
Il est important de rompre ce cercle vicieux. Exiger des changements sans un plan politique viable ne fait qu’aggraver la situation. L’élite politique haïtienne doit s’élever au-dessus de ses querelles partisanes pour forger un avenir plus stable. Le temps est venu d’une maturité politique, d’une introspection collective, et d’une volonté de transcender les intérêts individuels au profit de la nation. Le peuple haïtien mérite mieux que la répétition perpétuelle d’une histoire douloureuse.
Par Hens Garry Hilaire