Chaque année, le 1er janvier, les vœux de bonne année prennent le devant de la scène, reléguant souvent l’indépendance haïtienne à l’arrière-plan. Il est essentiel de rompre avec cette habitude et de se rappeler l’importance de cette date historique. Délaissons les vœux conventionnels de « bonne année » pour privilégier le plus significatif « bonne fête de l’indépendance ».
Le premier janvier 1804 est gravé dans les annales de l’histoire comme le jour où Jean-Jacques Dessalines, à travers un discours puissant aux Gonaïves, proclama l’indépendance d’Haïti. Dans un monde où le colonialisme esclavagiste régnait, les Haïtiens ont défié l’impensable. Cet événement marque un tournant crucial dans l’histoire de l’humanité, cristallisant la révolution haïtienne en tant que mouvement anticolonialiste, anti-esclavagiste et antiraciste.
Il est regrettable de constater que le 1er janvier est souvent éclipsé par les festivités du Nouvel An. Ce jour n’est pas seulement le début d’une nouvelle année, mais surtout la commémoration du choix courageux de notre nation d’être libre. Au lieu d’être uniquement associé au Nouvel An, le 1er janvier doit être célébré comme la pierre angulaire de la libération haïtienne. La célébration ne saurait se limiter à un discours formel d’un chef d’État ou d’un gouvernement. Un simple énoncé ne saurait suffire à rendre hommage à la dimension symbolique de cette date et au combat héroïque de nos ancêtres.
Pour honorer pleinement cet héritage, l’État haïtien devrait organiser une grande fête nationale. Les médias devraient être les messagers de cette importance historique. Des images et des sons rappelant l’importance du 1er janvier 1804 devraient inonder les médias, faisant de cette journée un moment de commémoration collective.
Plus que de simples célébrations, le 1er janvier devrait également être une journée de réflexion. Chaque secteur de la société haïtienne devrait organiser des ateliers pour évaluer comment contribuer au progrès du pays.
Certes, les défis actuels ne peuvent être ignorés. La présence marquée de la communauté internationale dans la politique haïtienne peut sembler remettre en question la véritable souveraineté du pays. Cependant, cela ne doit pas occulter l’héritage du 1er janvier 1804. La liberté dont nous jouissons aujourd’hui est le fruit des sacrifices de nos ancêtres.
Choisir « bonne fête de l’indépendance » au lieu du classique « bonne année » revêt une importance significative. C’est une reconnaissance de la lutte et de la bravoure qui ont marqué cette journée mémorable. Ne laissons pas l’indépendance haïtienne s’effacer dans l’ombre des vœux du Nouvel An. Au contraire, assurons-nous qu’elle reste vivante dans nos mémoires. En faisant de ce choix simple un acte délibéré, nous contribuons à préserver et à transmettre un héritage qui mérite d’être célébré chaque année avec fierté et respect.
Par Hens Garry Hilaire