La crise socio-politique en Haïti a atteint un niveau alarmant, touchant gravement les droits humains dans le pays. La commune de Carrefour, en particulier, est en proie à une vague de violence et d’insécurité, avec des actes criminels mettant en péril vies et biens. Même les policiers ne sont pas épargnés par cette situation désastreuse.
Dans un rapport accablant, l’Institut National pour la Défense des Droits Économiques, Sociaux et Culturels (INDDESC) a mis en lumière la situation d’insécurité grandissante à Carrefour. Le rapport plaide pour la création d’une commission de proximité afin de rendre justice et d’apporter des réparations aux victimes.
En mai 2024, la zone de « Ti Sous », près de Brochette, a été le théâtre de violences meurtrières. Treize personnes, dont trois policiers, ont été tuées par des gangs armés. Sept maisons ont été incendiées. Les policiers ont été abattus sous les yeux de leurs proches.
Le 10 juin 2024, à Côte Plages 20, Jean Danas, un policier bien connu à Carrefour, a été assassiné et son corps emporté par les criminels. Le 5 juin 2024, deux hommes ont été exécutés à Diquini en plein jour, un acte perpétré par des individus en motocyclette. À Arcachon 32, le 2 juillet 2024, trois personnes, dont deux inspecteurs divisionnaires de la PNH, ont été tuées, leurs corps emportés par les assassins.
Les grands axes reliant le département de l’Ouest à celui du Sud, de Martissant à Gressier, sont sous le contrôle des gangs armés. Malgré la présence de huit postes de police dans la commune, les habitants voulant se rendre dans le Sud sont bloqués, aucune présence policière n’étant visible.
Depuis le 2 juillet, plusieurs postes de police ont été abandonnés ou détruits : le sous-commissariat de Saint Charles a été incendié, celui de Rivière Froide est abandonné, et les antennes près du camp militaire de Lamentin et de « Bòdlo » sont inaccessibles. Le commissariat OMÉGA ne fonctionne plus, et seul le poste de la Garde Côte, bien que disposant d’agents, n’est pas opérationnel.
Carrefour, avec ses 800 000 habitants, est livré à lui-même, abandonné par les autorités depuis plus de trois mois. La PNH a déserté la commune, laissant les gangs armés imposer leur loi.
Face à cette situation désastreuse, INDDESC a constaté une délocalisation massive des citoyens, fuyant leurs maisons pour chercher refuge ailleurs, y compris dans des espaces publics.
Le rapport de l’INDDESC dénombre 19 personnes assassinées, dont neuf policiers et dix civils, plusieurs maisons incendiées (principalement celles des agents de la PNH), et six postes de police non opérationnels : Antenne Bòdlo, Antenne Camp Lamentin, Saint Charles, Rivière Froide, OMÉGA et Garde-Côte. Plus de 24 600 déplacés ont été recensés, forcés de quitter Carrefour et Gressier sans savoir où aller.
INDDESC se dit consterné par cette situation et multiplie les démarches auprès des institutions concernées pour éradiquer ce fléau mortifère qui plonge la commune dans le chaos.
Par Jeff Jean