«L’haïtien» franchement, appartient à une espèce vivante spéciale qui échappe à toute catégorisation normale.
C’est, sinon, un être mort dans l’âme, privé du sens de la hauteur, bétonné dans le ridicule et l’idiotie, enfin incapable d’avoir honte.
Cette espèce vit en ce sens comme un résigné, et donc incapable de vomir l’anormal, de rejeter l’arbitraire…
Il vit honteusement dans une ambiance constante de docilité. Tel est l’atavisme de la colonisation !
En effet, on lui donne du choléra, il l’accepte docilement.
On lui impose un président, il finit par l’applaudir.
On détruit son riz, il en rit.
L’insécurité augmente, il s’en fout.
Les taxes et les impôts grimpent, Il ne s’en aperçoit même pas.
Pas d’électricité, gentiment, il s’achète des bougies.
Pas de routes, il se conforte dans le trafic moto.
Il n’a pas un logement décent, il cherche aisément son refuge sous une tente.
Il n’a pas d’emplois, il joue au domino ou se remet à la providence divine.
«L’haïtien», rit, danse, chante quand il faudrait tempêter. Et tempête quand il faudrait danser, rire et chanter.
Il est incapable de démasquer les mécanismes de violence symbolique qui l’étranglent. Il est dans un état somnambulique perpétuel.
C’est un être en plus d’être « cadavérisé », fourvoyé dans une docilité primitive, mais plongé dans un comique grotesque.
Néanmoins, «l’haïtien» est, semble t-il, là pour longtemps dans cette passivité léthargique. Car, l’élite intellectuelle qui devrait mobiliser son énergie révolutionnaire est aussi acquise. Ils sont ce que « Gramsci » appelle : des intellectuels organiques dont leur rôle est de défendre les intérêts des forces dominantes au mépris flagrant des revendications authentiques des masses.
Ce sont ce que je nomme : « des prostitués du savoir. »
On ne peut refaire l’histoire s’il y a pas une prise de conscience collective. J’attends ce jour où vraiment on pourra compter sur de vrais hommes et femmes pour combattre.
Don Waty BATHELMY